Les Mêmes Goûts (2017)
Les mêmes goûts
L’homme de foi ou l’humaniste
Me demandait en quoi tu crois
Nul ne peut vivre et nul n’existe
Sans un principe sans une foi
Nous croyons tous en la justice
La paix l’amour etc…
Avant que mes paupières ne plissent
Je le coupais oui mais voilà
Nous n’avons pas les mêmes goûts
Les convaincus me pompent l’air
Tous les boy-scouts à idéaux
Ne savent pas combien d’enfers
Ils ont pavé salut bigots
Salut croyants et militants
Je sais qu’au fond on est semblable
On passe le plus clair de son temps
À se rendre la vie supportable
Sauf qu’on n’a pas les mêmes goûts
La paix est une respiration
Entre deux guerres deux jalousies
Qui dure heureuse suspension
Le temps de recharger le fusil
Quand à l’amour n’en parlons pas
Ou bien trouvons un autre mot
Mesdames est-ce de ma faute à moi
Si le phallus vous fait défaut
On n’aura pas les mêmes goûts
Ne croire en rien c’est du boulot
Le désespoir c’est du talent
C’est une éthique merci Léo
Je l’ai compris avec le temps
Le désespoir précieux dédale
Oú n’entrent pas les convictions
C’est trop grégaire trop animal
Ça ne passe pas le portillon
On n’aura pas les mêmes goûts
Les héros sont des gens discrets
Qui donnent silencieusement
Leur vie pour qu’on puisse se marrer
Pour un dessin le prix du sang
Blasphaimez vous les uns les autres
Puis après foutez moi l’athée
Comme le disait le pitre apôtre
Quand sur la piste ils l’ont buté
On ne rit pas des choses là
Ben si on rit et tralAllah
Dans la Moïse on Jésus Christ
Dans le désert et dans la vie
Quand on n’a pas les mêmes goûts
Quand on n’a pas les mêmes goûts
Les coquelets
Le jour du sud a la texture
Du miel diffus des gorges heureuses
Je m’y perdrais le temps que durent
Les saisons de l’astre amoureuses
Voilà un banc square automnal
Me vient la brise le souffle au cœur
Pour aider la jeune fille pâle
Qui berce sa petite sœur
Pendant ce temps les coquelets
Font des concours de friandises
On leur a dit virilité
Ça s’écrit s-o-tt-ise
Adieu matin on fait le deuil
De sa jeunesse en location
Salut midi salaud tu cueilles
Comme à la faux mon horizon
Mais qu’elle est belle la charnière
On l’aimerait jusqu’à la mort
Cet âge au milieu de la mer
Tu sais déjà tu peux encore
Pendant ce temps les coquelets
Se vérifient la friandise
Ça leur prend tout le cervelet
Pour mener à bien l’entreprise
Le vent du soir nous est précieux
Et sa chanson est consolante
Qui fait le timide audacieux
Demain je parle demain je tente
Sous ton masque de société
Quand tu déposes ta grande gueule
Je chante pour celui que tu es
Quand tu es nu quand tu es seul
Pendant ce temps les coquelets
Se courent après la friandise
On leur dit virilité
Alors ils courent et ils s’épuisent
Dans leurs bagnoles sous leurs haltères
Tant bien que mâles combler le vide
Jour après jour faire et refaire
Mille tonneaux de danaïdes
La cruauté des roses
J’vois bien que tu vas mal
T’as le sourire en cendres
Au goulot du canal
Tu boirais tout novembre
Tu dors lampe éclairée
Mais le visage éteint
Où vont tes yeux fermés
Quand tu ne dors pas bien
Je vais pas te promettre
Son retour pour midi
Je sais ni Dieu ni maître
Et puis chacun sa nuit
Et chacun ses fantômes
Du berceau au linceul
Ça n’est jamais en somme
Que l’on peut dormir seul
On couche avec des ombres
Nulle fierté au pieu
Ce coma où l’on sombre
Nous fait baisser les yeux
Depuis combien de temps
T’as le cœur à l’amende
Et les yeux du mendiant
Tu attends qu’on t’attende
Je sais tu t’en sors pas
Tu te noies dans ta Leffe
Elle ne reviendra pas
Tu ne t’appelles pas Jeff
Je ne suis pas Jacques Brel
Mais je peux faire une chose
Pour que tu oublies un peu
La cruauté des roses
Elle se fout bien de toi
Au bout de ton chagrin
L’amour n’existe pas
Mais sans lui tu n’es rien
Rien qu’une gueule de bois
Pissant des infortunes
Allez viens on s’en va
Je vais t’en chanter une
Belle et intelligente
Je veux une femme belle et puis intelligente
Belle et puis intelligente
Mais dans cet ordre là
Je veux une femme belle et puis intelligente
Belle et puis intelligente
Et qui ne vieillit pas
Je vous choque pourtant
Ce que veulent les hommes
C’est bien ce que j’attends
Vraiment ça vous débecte
Je n’ai pas le désir
Politiquement correct
L’avez-vous sans mentir
Je veux une femme belle et puis intelligente
Belle et puis intelligente
Et qu’on regardera
Je veux une femme belle est-ce dur à comprendre
Belle et puis intelligente
Je n’ le répéterai pas
Phallocrate sans cœur
Machiste nazillon
Que nenni belles sœurs
Mais je soutiens pardon
Qu’il faut considérer
Les formes et puis le fond
Je veux une femme belle et puis intelligente
Belle et si intelligente
Que ça l’embellira
Itinéraires
Au son du canon j’ai marché
Par le canon j’entends le chant
Je rêve de lointains foyers
Et puis d’exil à bout portant
À la fiesta je fais la gueule
Hors des manifs je reste au loin
Je nous préfère quand on est seul
On est moins con quand est moins
J’aime que mes chansons insultent
L’insulte faite à l’enfance
En nous comédie des adultes
En joue les mômes bonjour potence
Quand fossoyeurs de nos étoiles
Il pleut du fond de nos poumons
Ce crachin rouge sang et sale
Comme la boue suant au front
L’avenir oui je m’en souviens
Il espérait de tes yeux clairs
Qui disait je ne sais plus bien
Que le bonheur est un éclair
Avant l’orage, les écrits sèment
Ils de la mémoire dans le vent
Si je répète que je t’aime
Est-ce la parole d’un absent
Vous mes soleils en solitude
Vous mes compagnons du refus
Longtemps j’ai dansé votre étude
J’aime toujours votre raffut
Si je suis né loin de chez moi
C’était pour vers vous revenir
Ah! Pouvoir dire après combat
J’ai tant aimé je peux mourir
Quand tu ne reviendras pas
Tu auras frotté tes yeux
A bien des horizons
Des aurores à floraisons
Dans les matins silencieux
Et des soirs à se damner
Pour rire ou bien pour pleurer
Pour se taire et puis apprendre
Ce que je n’apprendrai pas
Que je ne pourrai comprendre
Quand tu ne reviendras pas
Tu auras pris un accent
Comme un goût des antipodes
Le mien n’est plus à la mode
Au pays de tes vingt ans
Ce pays que tu arpentes
Pour t’y inventer une âme
Et y parler un langage
Que ton cœur savait déjà
Que je ne saurai comprendre
Quand tu ne reviendras pas
Il faut un jour se méfier
De nos racines profondes
Car nos racines nous parquent
Qui a vu tous les couchers
De soleil de par le monde
A plus d’un ciel à son arc
Regarde le notre enfant
Arrêté dans sa course
Dans le néant de mes bourses
Et le désert de ton ventre
Nulle part il ne rentre
Nulle part il n’existera
Une idée sans avenir
Qui ne dira pas maman
En t’envoyant revenir
Quand tu ne reviendras pas
On peut faire sur le papier
Un voyage de mappemonde
Mais nul n’y trouve sa marque
Qui a vu tous les couchers
De soleil de par le monde
A plus d’un ciel à son arc
Je n’ai qu’un ciel et dans le parc
Je m’étends sur l’herbe docile
Je m’y invente un exil
Tu es soleil et tu es l’onde
Tu es la voix et le secret
Tu es cette ombre imaginée
Qui me dit je reviens
A l’heure où je m’endors
Pourquoi est-ce que j’entends
Je reviens je t’aime encore
Je n’irai pas courir tes cieux
Au rythme lent des saisons
Ils auront donc eu raison
Ceux qui disaient sentencieux
Celui qui écrit ne vit pas
Mais désormais que t’importe
Un peu plus loin et plus forte
En cet ailleurs venu te prendre
Que je ne pourrai comprendre
Quand tu ne reviendras pas
La bienfaitrice
Nous nous croisons et tu prends soin bien sûr
De me snober de m’ignorer c’est dur
C’est dur mais guère surprenant ah non
Tu en ignores tellement que bon
Ignorante à ce qu’il me semble
Te sert de deuxième prénom
Ignorante pas ingénue mais qui
D’ores et déjà ne t’as connu hormis
Ce bon vieux pape à la retraite
Pleurant du fond de sa braguette
Les pêchés qu’il n’a pas commis
Mais du pontife ne désespérons pas
Gageons que bientôt le saint père viendra
Te visiter le magistère
Prosterné un genou à terre
Il chantera fort les mystères
De ta divine académie
V’là qu’on s’ recroise tu me toises et il faut
Que tu me prennes ça m’fait d’la peine de haut
Du haut d’un mètre cinquante huit pardon
C’est peu crédible c’est mon opinion
Mais ton visage est un chef-d’œuvre
Rien ne me fera l’oublier
Tandis qu’à ton bras se promène
L’étalon du mois de la semaine
Le sicilien est de saison
Car l’Italie c’est bien ta veine
A un incroyable étalon
Pourtant Dieu sait que j’aimais tout en toi
Jusqu’à ta particule qui parfois
L’emportait sur ta partie tête
Question d’équilibre peut-être
L’angle de vue laissant paraître
Mal le tréfonds de tes pensées
Ta literie d’utilité publique
Mérite les honneurs de la république
Tant de mâles tu accueillis dans ton
Lit qu’on te loue comme le vieux Danton
Ta couche rentre dans l’histoire
Ton lit est un lit de roman
S’il eût connu la bienfaitrice
Dante eut renommé Béatrice
Le fou d’Elsa dans ses tourments (eût)
Bu à la source inspiratrice
Des films érotiques d’antan
Pour tant de plaisir grâce on te rendra
Le Panthéon t’ouvrira grand les bras
Plaisir rendu à la nation
Soleil étoiles rougiront
Puis on verra sur l’horizon
Les arc en ciel bander pour toi
Les ailes et puis le plomb
Silence des guerres au fond de nos yeux
Oracles innervés dans les glaces
Lentes litanies et démons précieux
Industrie d’une plume vorace
Territoires minés de l’intime
Utérus d’où jaillissent des chansons
Dialogue du sang et de la rime
Ensemble les ailes et puis le plomb
Je n'ai plus vingt ans
Je n’ai plus vingt ans paraît-il
Sûrement un truc manigancé
Ces bruits d’horloge c’est bien le style
D’un complot du calendrier
Même si de plus en plus souvent
Je cherche ma gueule d’avant hier
Au fond d’un miroir contrariant
Qui ne sait rien des bonnes manières
Je n’ai plus vingt ans v’là autre chose
Je souscris peu à cette idée
Et après quoi ? La ménopause
Plus rien ne saurait m’étonner
Quand on est jeune un moment
On prend de mauvaises habitudes
J’étais chez moi dans le présent
Ce présent qui n’est que prélude
Je n’ai plus vingt ans oui c’est vrai
C’est ma copine qui les a
Enfin plutôt qui les avait
D’un bon ami elle prit le bras
Et du meilleur tant qu’à bien faire
Non aucun grief à son endroit
Lui en vouloir mais pourquoi faire
L’âne de braire a bien le droit
Plus vingt ans moi mais c’est tout vu
Des rumeurs des ragots des jaloux des bobards
Moi j’aurais moi vingt ans de plus
Au compteur aux contours au comptoir racontars
Je n’ai plus vingt ans c’est tant mieux
Et mon ami c’est Paul Nizan
Pourquoi il nous dit ça le vieux
Et bien cherchez jeunes ignorants
Je vois des signes inquiétants
Il y a des ministres de mon âge
Faut se tirer tant qu’il temps
Vieillir est un mauvais présage
Alors à tantôt dans longtemps
On s’appelle on s’fait un naufrage
Mes mauvaises pensées
Je ne veux pas dire de mal
De toi mais comment nier
Tu n’as aucune manière
Il faut le constater
Le matin dans mes yeux
Tu fous de l’eau partout
Et occupes des lieux
Dont tu as mis les bouts
C’est pas que je m’ennuie
De toi mais je m’absente
Comme de ma propre vie
Qui aurait pris la tangente
Et qui t’aurait suivie
En me laissant sur place
L’enveloppe est ici
Il reste la carcasse
Y a plus la foutue molécule
Qui poussait la machine
Je rejoue nos ébats
Dans un lit famélique
Quelqu’un d’autre voudra
Te donner la réplique
Un fessier de ce rang
D’un si brillant éclat
Ne saurait très longtemps
Demeurer sans emploi
Faudrait pas que ton monticule
Manquât de visiteurs
J’arrête là mon char
Et puis tu me connais
J’ai le chagrin vachard
Et puis je te connais
Tu sais être indulgente
Et voudras pardonner
Mon fiel et mes gueulantes
Mes mauvaises pensées
Ce salaud le printemps
Vient t’offrir l’âme sœur
Et mieux qu’un concurrent
J’ai donc un successeur
Alors si j’comprends bien
Tous nos projets de vie
Nos envies de gamins
Et Rennes sous la pluie
Tout ça là on annule
Et on en reste là
Et merde à ton jules
Et merde à ton jules
Rétrovisions (2014)
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Mathieu Pirró
2002
- Ton silence est un vertige
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2009
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