Brûlantes sur la terrasse assaisonnées de plomb
Les glottes à marée basse crient déshydratation
À boire ou l’on trépasse il est seul il fait face
Et parfois le garçon se noie dans mon verre d’eau
Qu’il oublie au comptoir et repart à l’assaut
D’une armée de soiffards

Tasses et verres s’engloutissent en moins de temps qu’il ne faut
Pour qu’on les réemplisse et les vide à nouveau
Garçon de père en fils tu connais le supplice éternel du plateau
Si j’en crois ton allure ton style incisif
Depuis le temps que dure
Ton destin de Sisyphe

Ô patron méfie toi des ordres que tu donnes
On peut être garçon on n’en est pas moins homme
Un jour ils te rendront la monnaie de ta pièce
Et ton bar à la con le tailleront en pièces

Garçon de quoi écrire Aragon me soufflait
Qu’on laisse nos empreintes au fond de ton café
Quand je sentis l’étreinte de Van Gogh de Verlaine
Pour trinquer à ta gloire et à l’absinthe ancienne

Bouches en cœur jolies pestes piaillent jusqu’à plus soif
Et taillent une de ces vestes au vieux beau en carafe
Qui mate leur playtex finies les soirées sexe
Pour bientôt l’épitaphe : ici gisent les restes
D’un gonze qui un jour paf connut l’heure funeste
Mort de faim ou de soif

Ô patron méfie toi des ordres que tu donnes
On peut être garçon on n’en est pas moins homme
Un jour ils te rendront la monnaie de ta pièce
Et ton bar à la con le tailleront en pièces

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