Que n’ai-je été Macédonien
Et traversant le Granique
Mêlé le sang des Perses au mien
Dans un corps à corps héroïque
Si j’étais tombé à Issos
Je ne s’rais point tombé sur un os
Qui eût fait peur à Alexandre
Qui m’a laissé le coeur en cendres
Toi

Plus tard la morne Waterloo
M’aurait servi de champ d’honneur
Cambronne eût pu garder son mot
Pour ma part mort de bonne humeur
J’aurais eu pour dernière parole
Sans grossièreté ni gloriole
Un tonitruant « Vive l’Empereur »
Hélas voilà bien mon Blücher
Toi

Utah et Sword au mois de juin
M’auraient appris la rouge brasse
Sanglante nage du matin
Quand se noyaient de guerre lasse
Anglais GI’s et Canadiens
Frères défunts voyez ce bain
M’eût épargné peine plus lourde:
Boire la tasse d’une autre gourde
Toi

J’arpente souvent solitaire
Plaines vallons plages désolées
J’entends leurs plaintes sur la mer
Les soldats aux noms oubliés
Portent l’écume qui vient rendre
Toutes leurs larmes et pour toujours
Pleurent de n’avoir connu le tendre
Soleil de tes bras sans retour

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