Mon stylo jette l’encre sur des feuilles arides
Voyageur de l’intime des vallées du dedans
Ton profil de rapace a des airs de sentence

Mon stylo que m’importe si des jours dessinés
Par ton sexe j’n’en ai pas vécu plus d’un seul
Tu donnes de la gueule à mon existence

Tu regardes et tu juges de nos mots en bataille
Qui doit vivre et mourir que ta plume est légère
Mais ta pointe est cruelle
Mon stylo ton fourreau
Cache une arme de tendresse

Mon stylo mon pays mon exil volontaire
Les rives raturées de nos mers solitaires
Racontent bien des vies et la vie entière

Mon stylo cette sève qui coule en nos veines
N’est pas rouge mais bleue comme un ciel à midi
Un sang d’encre y égrène le meilleur de sa nuit

Tu fais les mots charnels et les âmes tactiles
Tu en fais voir l’essentiel la blessure et le style
Mon stylo mon drapeau ma danse du verbe

Mon stylo mon blason mon arche d’impatience
Tu es le sceau de mon nom et mon radeau d’errance
Tu es mon compagnon miel de mon silence

Mon stylo quand l’amour vient traîner ses guêtres
Du coté de ma vie ou qu’il me prend en traître
Tu sais bien au hasard que l’amour on ne peut
Et l’avoir et lettre

Tu incises au scapel tout le pus des ruptures
Tu renies tous les ciels
Tu nommes la blessure
Jusqu’à celle là qui est la vie même

Tu le sais mon stylo quand il faudra se taire
À moi les souvenirs et à moi la colère
Tu auras le dernier mot
Tu auras le dernier mot

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